Aminata Aidara est écrivaine et journaliste. Primée en 2014 pour son recueil de nouvelles La ragazza dal cuore di carta (La fille au cœur de papier) publié en Italie chez Pietro Macchione Editore, elle obtient en 2016 un doctorat en Littérature et Civilisation Française et en Sciences Psychologiques, Anthropologiques et de l’Éducation pour sa thèse construite autour d’un concours littéraire dédié aux jeunes issus de l’immigration.
Elle publie des nouvelles, articles et essais dans divers recueils, magazines et ouvrages universitaires autour de thématiques telles que la complexité identitaire postcoloniale, le traitement de l’expérience de l’immigration dans la littérature française et francophone et le rapport à la littérature des jeunes issus de l’immigration en France.
Son premier roman, Je suis quelqu’un, vient de paraître chez Gallimard, l’histoire d’une famille éclatée entre la France et le Sénégal, hantée par un secret. Un récit beau et sensible écrit dans une langue poétique.
Portrait d’une jeune écrivaine engagée.
Penda, l’un des principaux personnages de votre roman mentionne à plusieurs reprises l’essayiste Frantz Fanon. À la lecture de Je suis quelqu’un on se rend bien compte que vous ne parlez pas seulement de la vie de cette famille mais, à travers elle, de l’Histoire du Sénégal, du passé colonial, et de la domination qu’exercent toujours d’anciens États colonisateurs sur le continent africain. Était-il inconcevable pour vous d’écrire l’histoire de cette famille sans évoquer l’Histoire ?
Oui, cela m’est inconcevable. Je viens de passer mon été au Sénégal et la présence de la France et au sens plus large, de l’Occident, est un fait indéniable, que ça soit interprété comme relevant de bonnes ou de mauvaises raisons. Non seulement dans la vie matérielle des personnes, mais banalement dans toutes les conversations à l’intérieur des différents murs domestiques. Autour de sujets comme la mobilité géographique, le flux d’argent, d’objets, les valeurs qui régissent les relations humaines que l’on croit autochtones et celles que l’on tâche d’importer. Ce dernier point est très important, puisqu’une population ayant subi la colonisation n’est jamais sûre de ce que son pays serait devenu sans l’intervention violente du conquérant. Et donc parfois, le retour à la « tradition » s’avère un artifice, un faux pas, faute de n’en avoir pas pu poursuivre le chemin librement, sans contraintes ni barrières. Cela dit, ce n’est pas l’Histoire qui m’a donné envie d’écrire l’histoire de Penda et Estelle, mais c’est leur chemin personnel qui m’a poussée à élargir mon regard. J’agis toujours dans un mouvement inductif, pas déductif. Ce que je souhaite c’est que mes personnages soient universels. Mais pour ce faire, je ne suis pas prête à renoncer au poids de l’Histoire qu’ils portent en eux.
Frantz Fanon est mort en 1961. Il était l’un des fondateurs du courant de pensée tiers-mondiste. Engagé pour l’indépendance de l’Algérie aux côtés du FLN, il est surtout connu pour ses essais sur la colonisation et ses conséquences. Des ouvrages tels que Peau noire, masques blancs (Seuil, 1952) ou Les Damnés de la Terre (Maspero, 1961, préfacé par Jean-Paul Sartre), ont eu une grande influence notamment sur le Parti Black Panther aux États-Unis, mouvement dissout au début des années 80. Selon vous quels sont les héritiers de la pensée de Fanon aujourd’hui ?
Il y a beaucoup de penseurs qui aujourd’hui prennent appui sur les théories fanoniennes. Mais personnellement, je préfère penser qu’elles se suffisent à elles-mêmes. C’est très délicat comme question, je risque d’oublier quelqu’un ou de froisser un autre avec des conclusions personnelles peut-être hâtives. Disons que si j’ai choisi de faire de Frantz Fanon l’idole de Penda, c’est aussi parce que pour moi il est encore unique, incommensurable, inégalé.
Revenons à votre roman : vous mêlez narration à la première et à la troisième personne. Est-ce à dire que pour un premier roman vous avez préféré ne pas faire de choix ?
En fait je ne pense pas qu’il faut choisir. Estelle, Mansour, Dialikà, Eric et Cindy avaient l’urgence de parler à la première personne. Par contre, dans le prologue et dans l’épilogue, je voulais que l’on puisse saisir des choses que ni Penda ni Estelle allaient forcément dire d’elles-mêmes, ou l’une à propos de l’autre, mais que malgré tout elles pensaient. J’ai donc j’ai utilisé la troisième personne avec un point de vue interne.
Ce roman se compose de plusieurs matériaux – lettres, emails, journal,… -, que vous avez agencés pour bâtir le récit. Aviez-vous déjà un plan détaillé de votre roman avant de commencer la phase d’écriture ou avez-vous décidé de cet agencement après avoir achevé l’écriture de chacune des parties qui le composent ?
Le plan détaillé du roman s’est construit au fur et à mesure de l’écriture. Je savais ce dont je voulais parler : l’histoire de cette famille. Je savais quelles voix me hantaient plus que les autres : celles de Penda et Estelle. Concrètement, la seule chose que j’ai défini à l’avance a été l’arbre généalogique. Le reste germait depuis longtemps en moi, il fallait juste qu’il sorte et se stabilise. Vous savez, j’écris toujours pour évacuer un cauchemar, alléger une obsession, donner voix à des voix, ériger un rêve.
Les deux principales narratrices sont Penda et sa plus jeune fille Estelle. Aviez-vous envisagé que d’autres protagonistes puissent être également narrateurs ? Pourquoi ces deux personnages ?
D’autres personnages auraient pu être également les protagonistes, mais l’urgence était de faire parler celles-ci : une mère et une fille. Une agente d’entretien dans un lycée de la banlieue parisienne et une artiste précaire et révoltée. Deux femmes proches et distantes à la fois. Complices mais en même temps antagonistes. Dépositaires chacune d’une partie du passé que l’autre ignore.
Je suis quelqu’un est une œuvre de fiction. Cependant n’avez-vous pas mis un peu de vous-même dans chacun de vos personnages, notamment ceux d’Estelle et de Penda, de la même manière que Flaubert disait « Madame Bovary, c’est moi. » ?
Parfois je me demande : est-ce qu’elles ne se sont pas servies de moi, comme un outil d’expression, un medium pour afficher leur histoire au grand jour ? Très souvent j’ai l’impression que mes personnages hantent mon quotidien, et que pour me libérer d’eux il n’y a d’autre moyen que de les écrire, décrire, animer. Je dirais donc que ce sont mes personnages qui ont mis un peu d’eux-mêmes, autant qu’ils le pouvaient, en moi.
Votre roman parle du métissage, mais au fond tout écrivain ne doit-il pas être capable de devenir cet autre que lui-même pour écrire ?
Complètement. Mon roman et ses protagonistes sont à la frontière de beaucoup de définitions, ils se moquent des limites établies, les franchissent ou essaient de le faire. Le métissage, c’est aussi pouvoir écrire comme si on était un homme, alors que l’on est une femme, un adolescent alors que l’on est un vieillard. Et toutes les autres merveilleuses options qu’offre l’écriture.
Que pensez-vous de l’autofiction, ce genre littéraire théorisé par Serge Doubrovsky et qui fait débat depuis que des procès ont été intentés à l’encontre d’autrices, d’auteurs et d’éditeurs (je pense notamment à la récente « affaire » suscitée par la parution du dernier roman d’Emilie Frèche) ?
L’autofiction est un genre intriguant et par moment inquiétant pour l’entourage de l’écrivain, bien évidemment, mais aussi pour l’écrivain lui-même. C’est aussi un genre courageux. Trop pour moi : personnellement je n’arriverais pas aujourd’hui à m’y essayer. Je n’ai pas cette désinvolture, cette fluidité, quand il s’agit de ma propre vie. J’admire qui y parvient, mais pour l’instant la fiction tout court me convient largement ! Pas mal de personnes croient que Je suis quelqu’un est mon histoire « trafiquée » et que je suis Estelle (en plus je dédie le livre à ma mère), alors que pas du tout ! Estelle, puisqu’elle a grandi en moi et que j’arrive à la transposer sur papier, est une des possibilités que mon Je aurait pu emprunter dans ma vie de tous les jours. Mais qui n’a pas pris racine.
Vous avez publié en italien un recueil de nouvelles, La ragazza dal cuore di carta, primé en 2014. Aviez-vous envisagé d’écrire Je suis quelqu’un en italien ?
Je suis quelqu’un est né en italien. Le noyau, la graine, est italien. L’arbre qui en est sorti, français. Au-delà des passages écrits directement en français, j’ai fait un long travail de traduction et ensuite d’adaptation de mon écriture de l’italien au français. Bien sûr aidée par un de mes meilleurs ami, Olivier Gbezera, poète d’exception et polyglotte remarquable.
Est-ce que le choix de la langue française pour ce premier roman s’est imposé à vous pour des raisons stylistiques ou plutôt éditoriales ?
Clairement le fait que la maison d’édition se soit intéressée à mon œuvre m’a beaucoup motivée ! Mais ça fait aussi sept ans que je vis en France. Mes rêves ont commencé à se teindre de français, ainsi que les pages de mon journal intime. Cela m’arrive de plus en plus. J’adore la langue française et j’aime l’écrire, la manipuler. Je dirais donc que la raison est double, comme les deux faces d’une même pièce.
Vous êtes souvent en déplacement m’avez-vous dit. Écrivez-vous dans n’importe quel lieu ou avez-vous un endroit privilégié pour travailler ?
J’écris partout. Dans les transports. Dans ma chambre. Sur les bancs des squares, dans les bars. J’écris à la main, sur des petits carnets que je prends dans mon sac. A la fac, à Turin, on m’appelait « la scribane », tellement ils me voyaient noircir des pages. J’ai juste une particularité, une seule contrainte : je n’écris que le jour. Je ne suis pas une créative de la nuit. Au coucher du soleil, je pose mon stylo et je vis les rêves qui me guideront le lendemain.
Je suis quelqu’un, voilà un titre qui pourrait prêter à sourire dans le contexte de rentrée littéraire que l’on connaît : 94 premiers romans parmi les 567 titres que compte cette rentrée 2018 ! Votre roman est sorti en librairie depuis le 23 août dernier. Comment appréhendez-vous cet événement très français qu’est la rentrée littéraire ?
Je suis quelqu’un est exactement cela : je suis quelqu’un parmi les autres, j’ai le même poids, le même droit d’exister. Toute personne se reconnaissant dans ce besoin de s’annoncer au monde est incluse dans ce titre. Ce n’est pas une envie particulière d’émerger ou d’affirmer un Je différent et révolutionnaire par rapport aux autres. Il s’agit d’un Je que potentiellement chacun peut représenter. Et qui, potentiellement, est donc révolutionnaire et différent. Si Estelle se donne cette tâche, c’est qu’elle a senti qu’on attendait d’elle qu’elle demeure bien sage et silencieuse, dans la portion de société qu’on lui avait assignée. Comme Eric est confiné à son statut de « fils de » ou Penda de « femme de ». Le thème fondamental de ce roman est la possibilité de se choisir, d’être quelqu’un sans assignations imposées par n’importe quelle communauté. Un besoin exubérant d’air, de liberté. Défi qui est peut-être loin d’être relevé, mais qui anime les protagonistes de Je suis quelqu’un du début à la fin.
A propos de la rentrée littéraire, pour répondre précisément à votre question, je me sens assez déconnectée de tout ce qui est institutionnel ou traditionnel, et parfois mondain. J’envisage l’événement de la rentrée littéraire avec curiosité mais aussi beaucoup de recul. Enfin, c’est comme ça que je me connais ; on verra bien. Une chose est sûre : le plus beau cadeau pour moi, c’est la lecture du public.
Quels sont les romans de cette rentrée que vous avez envie de lire ?
Les premiers qui me viennent à l’esprit, mais pas les seuls, sont : Mais leurs yeux dardaient sur Dieu de Zora Neale Murston, chez Zulma, Camarade Papa de Gauz chez Le Nouvel Attila, Swing Time de Zadie Smith chez Gallimard, Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard chez les éditions de Minuit. Mais aussi l’autobiographie La rage de vivre de Bolewa Sabourin chez Faces Cachées, Sous les branches de l’Udala de Chinelo Okparanta, chez Belfond, Là où les chiens aboient par la queue d’Estelle-Sarah Bulle et La belle de Casa de Jean Bofane chez Actes Sud.
Votre livre est publié dans la collection « Continents Noirs » chez Gallimard, une collection qui compte une centaine de titres et près d’une cinquantaine d’écrivains, représentants selon les mots de l’éditeur « une littérature africaine, afro-européenne, diasporique », des écrivains tels que Sylvie Kandé, Scholastique Mukasonga, Nathacha Appanah, Ousmane Diarra, Libar M. Fofana, Fabienne Kanor, Amal Sewtohul, Théo Ananissoh ou encore Boniface Mongo-Mboussa. Cette collection « racialisée », pourrait-on dire, peut paraître pour le moins surprenante (pour ne pas dire plus), surtout quand on sait que la grande collection de littérature de Gallimard s’appelle la « Blanche »… Selon vous en quoi est-il pertinent de différencier de la sorte les autrices et auteurs d’expression française ?
Je trouve plus emblématique le fait de distinguer une littérature francophone d’une littérature française (car les deux sont, à mon sens, francophones), plutôt que l’existence, au sein de Gallimard, d’une collection qui s’intéresse aux romans mettant en avant des histoires autour de l’Afrique et sa diaspora. Cela peut être une façon comme une autre d’orienter le lecteur. De plus, étant donné que les auteurs de la collection « Continents noirs » ne doivent pas forcément avoir d’origines africaines ou afrodescendantes – même si ils les ont dans la plupart des cas – il n’y a aucune ghettoïsation les concernant. Il faudrait plutôt se poser la question : pourquoi si peu d’auteurs européens et d’ascendance européenne écrivent autour de thématiques manifestement postcoloniales ? Il y a une espèce de peur face à des écrits qui questionnent, ou qui sont soupçonnés d’interroger des thématiques migratoires, de circulation, de décolonisation des esprits. Pour moi, face au nom de cette collection, il n’y a pas de cloison ou de barrière pour qui ne les a pas déjà en soi.
Quelles écrivaines et/ou quels écrivains ont eu une influence sur votre désir d’écrire ainsi que sur votre travail ?
Depuis que j’étais toute petite, j’aimais les histoires de famille, ou les histoires avec une intrigue psychologique tout court. J’adorais les bouquins de Bianca Pitzorno, et de Roald Dahl en particulier. Mais aussi les romans d’auteures classiques pour l’enfance/jeunesse comme Louise May Alcott et Frances H. Burnett. Disons que je dévorais toute histoire ayant pour héroïnes des fillettes. Plus tard, les fillettes sont devenues femmes et alors cela s’est traduit avec une passion pour Natalia Ginzburg, Simone de Beauvoir, Mariama Bâ, Fatou Diome, Elsa Morante, Marguerite Duras, Marie NDiaye, Doris Lessing, Elena Ferrante, Léonora Miano.
J’adorais aussi les plongeons dans la psychologie masculine de Cesare Pavese et J. D. Salinger. Dans l’absolu, c’est Emily Dickinson, qui, avec ses poésies, m’a donné le goût des mots, et cela dès mes quatorze ans. Aujourd’hui mes lectures se dirigent ailleurs aussi, il y a une recherche plus « construite et volontaire » de ce que je veux lire, mais j’ai fait mes premiers pas, en tant que lectrice, dans cet univers majoritairement euro-étasunien.
Vous publiez depuis plusieurs années des chroniques et des interviews dans Africultures. Cette activité critique est-elle indissociable pour vous de votre travail d’écrivaine ?
Toute activité est pour moi indissociable de l’écriture. J’ai fait plusieurs métiers et à chaque fois l’expérience m’a inspiré des textes, des courtes nouvelles, des personnages potentiels. Ma collaboration avec Africultures a accru mon intérêt, déjà existant, pour certains sujets, et m’a permis d’avoir un esprit critique que je ne possédais pas forcément avant, surtout au niveau des contenus culturels.
Mais mon inspiration a autant de chances de naître en lisant un livre, ou en tant que spectatrice d’une pièce de théâtre, que derrière le guichet d’un musée, dans les vestiaires d’une boîte de nuit, dans le bureau de la vie scolaire d’un lycée ou dans une boutique de bijoux. En fait, tant qu’il y a des êtres humains, qu’ils produisent ou pas des œuvres culturelles, il y a matière à écrire !
Vous êtes Italo-sénégalaise. Diriez-vous comme Gauz (qui vient de publier Camarade Papa, son deuxième roman chez Le Nouvel Attila) que vous avez deux cultures en vous ?
Certainement. Et la culture française aussi, quoique rencontrée à âge adulte, comparée aux deux autres. Mais la vie est une progression continue vers l’inconnu. Je dirais que j’ai surtout une troisième culture qui est celle se formant de tout ce que je choisi de faire, au fur et à mesure, basée sur ces deux expériences qui ont façonné mon enfance. Une culture qui est faite de ce que j’ai laissé derrière moi, donc de vides, et ce que j’ai porté dans mes bras, de pleins. Souvent j’ai fait un choix de légèreté, j’ai donc abandonné tout ce qui m’encombrait en ne gardant que ce qui pouvait me faire avancer plus vite vers l’apaisement et donc la joie.
Suite aux prises de position xénophobes du ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, issu des rangs du parti d’extrême-droite la Ligue du Nord, des agressions racistes se sont multipliées en Italie. La situation dans ce pays, et plus généralement la montée en puissance des partis populistes en Europe dans un contexte de « crise migratoire », vous inquiètent-t-elles ?
Oui. Cela m’inquiète, d’autant plus que j’entends, en particulier en Italie, une parole raciste décomplexée, une parole à laquelle succèdent des actes. Aujourd’hui, peu importe qui tu es, quels sont tes rêves, ce que tu fais, d’où tu viens, ce que tu as enduré. La droite italienne ne voit en toi qu’une seule chose, qu’il est nécessaire de te faire regretter : le fait de ne pas être blanc/blanche et en l’occurrence de ne pas avoir une histoire conforme à une norme supposée. L’Italie est en train de sombrer, cela est un fait. Mais cela reste un pays que j’aime, où j’ai ai grandi et où je garde de très bons souvenirs, de très fortes amitiés. On y trouve de vrais militants de gauche, et dernièrement d’anciens migrants qui s’engagent en politique pour faire bouger les mentalités. Mes espoirs reposent sur eux.
Vous avez obtenu en 2016 un doctorat en Littérature et Civilisation Française et en Sciences Psychologiques, Anthropologiques et de l’Éducation à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle en cotutelle avec l’Université des Études de Turin. Votre thèse, qui s’intitule Exister à bout de plume. Un recueil de nouvelles migrantes au prisme de l’anthropologie littéraire, est construite autour d’un concours littéraire dédié aux jeunes issus de l’immigration. Pensez-vous qu’il est nécessaire aujourd’hui de sortir de cette littérature du doute centrée sur elle-même pour entrer dans une littérature de combat capable d’agir sur le monde ?
L’une des choses qui m’a touchée lors de la mise en place de ce concours littéraire a été le fait que plusieurs personnes m’ont confié : « Grâce à Exister à bout de plume je me sens prêt à écrire, à montrer ce que j’ai déjà créé, parce que ce concours s’adresse aussi à des gens comme moi, des enfants d’immigrés, et je me dis que mon histoire peut intéresser quelqu’un, puisque c’est le thème proposé ». S’il y a un souci de légitimité, comme le montrent ces confidences, c’est que le marché de l’édition ou les espaces où s’épanouir ne sont pas si accueillants. C’est un parcours qui se fait par étapes. Une fois la confiance gagnée, la possibilité de se lancer dans un univers plus vaste devient une possibilité envisageable. Et d’ailleurs fortement souhaitable !
Êtes-vous en train de travailler sur un nouveau texte ? Et dans l’affirmative, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Je suis en train de travailler à un recueil de nouvelles. Je songe aussi à une suite à Je suis quelqu’un. Et puis en parallèle j’envisage aussi un roman situé en Grèce, sur l’île d’Alonissos. Mais tout cela est encore très embryonnaire !
Une réflexion sur “Entretien avec Aminata Aidara”