Dusk de Sébastien Bouchery

Hiver 1866, Kearney, comté de Buffalo, état du Nebraska, le cadavre d’une fillette est découvert sur les rives de la rivière Platte. S’agit-il d’une nouvelle victime du « Sprinkler », le tueur d’enfants qui a commencé à semer la terreur douze ans plus tôt dans le Montana ?

Le candidat Angus Dollory, en campagne pour le poste de gouverneur de l’état, charge sa collaboratrice, la très badass Jane Hobblehorn, et les éclaireurs Kenny Bowens et Jacob J. Stabler, deux vétérans de la guerre de Sécession, ainsi que le journaliste Norman Talisker, de traquer le tueur en série en compagnie du shérif Ray Brittle et de ses deux adjoints, Dwight Robson et Ron Aston.

« Jane avançait lentement vers le corps […]*. Le sol s’était métamorphosé en paysage lunaire avec ses reliefs et ses sombres cavités empourprées. Ses pas s’enfoncèrent dans la neige lorsqu’elle s’immobilisa à un mètre […]*. Son corps inanimé baignait dans une flaque brune aux reflets de sang. Les flocons commençaient déjà à recouvrir sa dépouille d’un linceul pur. Progressivement, l’impact qui lui creusait le dos disparut. Bras écarté, paumes tournées vers le ciel et visage enfoncé dans l’eau, il n’était plus qu’un détail dans la triste histoire de Wakeeney. »

(Page 230. *Le nom de la victime a été dissimulé pour ne rien dévoiler de l’intrigue.)

Il y a assurément du Jules Verne et du Dumas dans Dusk, une œuvre qui s’inscrit pleinement dans la grande tradition des romans d’aventure populaires et celle du roman feuilleton avec ses multiples péripéties annexes que l’on savoure toutes avec délectation, ses nombreux rebondissements, ses personnages de vieux durs à cuire, chasseurs de primes, pistoleros, politiciens véreux, mercenaires sans scrupules et putes de saloon épuisées, tous parfaitement campés, souvent attachants, sans oublier les nombreuses scènes d’action à vous couper le souffle.

Sébastien Bouchery déploie avec une belle aisance tout au long de ce thriller plusieurs intrigues riches qui s’entremêlent sans que le lecteur ne perde jamais le fil narratif principal : la traque implacable et sanglante d’un tueur en série à travers les paysages enneigés du far west.

Le romancier est aussi à l’aise dans les scènes dramatiques (magnifique séquence page 225) que dans la comédie (p. 192), et le lecteur ne manquera pas d’apprécier ses qualités de dialoguistes.

On retrouve dans cette chevauchée sauvage les images en couleurs Technicolor 35 mm des westerns qui ont bercé notre enfance, ceux du grand Sergio Leone. Mais Sébastien Bouchery ne se contente pas d’accumuler les références aux maîtres du genre comme Quentin Tarentino dans ces deux derniers films. L’auteur a effectué un remarquable travail de recherche qui donne à son récit un caractère authentique qui vient renforcer l’intérêt du lecteur, poussant le sens du détail jusqu’à raconter ici une anecdote sur le Jack Daniel’s (p. 298) ou une autre sur l’écriture de « The Rising of the Moon », une balade irlandaise (p. 306).

Servi par un scénario génial Dusk est magnifique western crépusculaire, un pur shoot de plaisir que vous ne parviendrez pas à lâcher jusqu’au the end… inoubliable !


Dusk de Sébastien Bouchery, éditions Fleur Sauvage, août 2016.


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